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Archives par mot-clef : orientation

80 ans d’orientation française – Du quantitatif au qualitatif

En septembre 2012, l’orientation française a eu 80 ans. 80 années jalonnées par 8 grands textes où se sont dessinés le profil d’un Droit à l’orientation, enfin énoncé par la loi de 2009.  Cette institution parallèle au Service public de l’emploi, est inscrite dans le cadre de la constitution d’un Etat qui doit mettre en œuvre une politique dont le but est de permettre à chacun d’accéder à l’emploi.  La dépense de 74 milliards annuels dédiés aux politiques de l’emploi atteste qu’il y a toujours plus de personnes à accompagner dans la construction de leur parcours tout au long de la vie et interroge donc la gestion de l’orientation en amont, notamment dans le cursus scolaire et universitaire. Cette analyse s’appuie sur de nombreux travaux scientifiques mais aussi sur une longue expérience personnelle au service de l’information et de l’orientation J’évoquerai ici principalement la matrice  culturelle au sein de laquelle s’expriment  les rêves, s’élaborent des intentions, prennent corps des projets de devenir. Puisque, selon D Ferré, « s’orienter, pour une personne, c’est construire un parcours singulier  dans un système socio-économique donné », je proposerai aussi quelques configurations orientantes à organiser pour que chacune et chacun se sente capable de construire son orientation dans un paradigme où le qualitatif tend à se substituer au quantitatif.

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Nouvelles d’une réforme annoncée

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Mise à jour 22 11 2016

http://www.archimag.com/content/priorit%C3%A9-jeunesse-l%E2%80%99etat-l%C3%A2che-le-cidj

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Accompagnement de la carrière tout au long de la vie

Mise à jour le 13 10 2019

Certaines ressources sont accessibles directement, d’autres sont réservées aux adhérents de “apprendre et s’orienter”. Adhérer permet d’accéder à de très nombreuses ressources, de participer à la vie de Apprendre et s’orienter et de soutenir son action. Apprendre et s’orienter est membre de l’Association Internationale d’Orientation scolaire et professionnelle.

Mise à jour le 13 10 2019

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Concours de COP sujets et instructions (extraits)

texte de base (extraits)

Concours externe de Conseiller d’orientation-psychologue – JORF n°0076 du 29 mars 2012 page texte n° 42 – Arrêté du 13 mars 2012 modifiant l’arrêté du 20 mars 1991 fixant les modalités des concours de recrutement dans le corps des directeurs de centre d’information et d’orientation et conseillers d’orientation-psychologues NOR: MENH1205345A

Le programme des epreuves fait appel a des connaissances appropriees dans les domaines suivants : theories, methodes et pratiques en psychologie ; economie, marche du travail ; enjeux du systeme educatif ; dispositifs et outils d’aide a l’orientation scolaire et professionnelle ; politiques d’aide a l’insertion professionnelle.

 

  1. ― Epreuves écrites d’admissibilité

1° Epreuve de psychologie appliquee permettant au candidat, a partir de l’enonce d’une problematique d’orientation scolaire ou professionnelle, de demontrer sa capacite a mobiliser ses connaissances specifiques en psychologie pour traiter le sujet propose.

Duree : quatre heures ; coefficient 1.

2° Epreuve d’economie appliquee permettant au candidat, a partir d’une problematique concernant le marche du travail et l’insertion professionnelle, de demontrer sa capacite a mobiliser ses connaissances generales en economie appliquee, micro-economie et macro-economie pour traiter le sujet propose.

Duree : quatre heures ; coefficient 1.

 

  1. ― Epreuves orales d’admission

 1° Entretien avec le jury portant sur l’etude d’un dossier relatif a l’education, l’insertion, l’orientation et la formation pouvant etre mis en correspondance avec des caracteristiques nationales, sectorielles et territoriales de l’emploi.

Duree de la preparation : deux heures.

Duree de l’epreuve : vingt minutes de presentation, vingt minutes d’interrogation ;

coefficient 1.

 2° Entretien avec le jury portant sur l’etude d’une situation individuelle devant permettre au candidat de faire valoir son aptitude a en distinguer les differentes composantes utiles dans la conception d’un plan d’action

.Duree de la preparation : une heure.

Duree de l’entretien : trente minutes ; coefficient 1.

 

Les sujets (extraits)

Psychologie

 

2012

  • Psychologie et orientation : discipline de référence pour la pratique d’orientation Justifier l’affirmation – Choisissez deux modèles théoriques et développez les éclairages qu’ils peuvent apporter aux pratiques

2011

 

  • L’erreur fondamentale d’attribution. Juste pratique d’accompagnement à l’orientation. Utilisation dans les échanges
  • Liaison entre le score des épreuves de raisonnement logique et l’année de naissance.
  • Interaction sociale et étayage : décrivez ces notions de médiation sociale
  • Zone proximale de développement
  • Modèle général de la mémoire
  • La théorie sociale cognitive

2010

2009

  • Les processus du coping – En quoi se différencient-ils des mécanismes de défense ? Quand sont-il mis en place ? Enoncez quelques processus
  • Personnalité : un modèle en 5 grands facteurs – présentation – Raisons de son succès –  intérêt et limites
  • En psycho du développement il est question de « vie entière » – Explicitez et caractérisez cette approche – Présentez-en une recherche typique
  • Représentation sociale – représentation mentale : différenciation – rôle en matière de choix
  • L’identité : conception – rôle dans les décisions d’orientation

 

Economie

  • 2012 – projet professionnel, garantie d’intégration
  • 2011 – La valeur sociétale du travail. La latitude décisionnelle semble jouer un rôle déterminant pour apporter une réponse individuelle et ainsi développer une relation positive avec le travail. Quel positionnement du COP ?
  • 2010 – Démocratisation de l’enseignement supérieur. Une réalité ? De quoi s’agit-il en termes de « démocratisation » ?
  • 2009 – Les évolutions de l’emploi au cours des 40 dernières années

 

Oral

Extraits

La représentation de la fonction de COP

 La mission de service public

 A cet égard, la lecture des brochures de l’ONISEP destinées aux élèves paraît un minimum indispensable, et la connaissance des autres publications sera un atout. De même, la lecture des BOEN et des différents rapports accessibles en ligne sur le site du ministère de l’éducation nationale et de la recherche est fortement recommandée.

 Le jury a apprécié les candidats qui avaient fait l’effort de se rendre dans un centre d’information et d’orientation pour y rencontrer des conseillers d’orientation psychologues, et s’informer sur la réalité du métier qu’ils postulent mais aussi pour se documenter sur un certain nombre de questions du programme.

 Il est attendu également du candidat ayant déjà acquis une expérience professionnelle qu’il puisse se décentrer de sa pratique pour recontextualiser celle-ci dans une réflexion plus générale sur les missions du CIO et des COP.

Se référer pour une vue complète à Sujets et corrections du concours

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Enseignement supérieur : vraie démocratisation ?

Ce texte a été proposé comme correction à l’épreuve d’économie du concours de Conseiller d’orientation psychologue en 2010

En 2008, près de 2,3 millions de jeunes étaient inscrits dans l’enseignement supérieur alors qu’ils n’étaient que 1,7 en 1990. Sachant qu’ainsi c’est plus de la moitié d’une génération qui accède à l’enseignement supérieur, peut-on dès lors parler de démocratisation de l’enseignement supérieur ?

I – Le constat

Incontestablement les jeunes diplômés de l’enseignement supérieur ont augmenté fortement, dans la droite ligne de l’augmentation des titulaires du bac. Entre 1960 et 2008, le flux d’étudiants accédant à l’enseignement supérieur est multiplié par 7.  Néanmoins, le paysage des formations supérieures est disparate et les figures de l’étudiant plurielles.

L’enseignement supérieur est d’abord synonyme d’étudiant en université, où l’accès reste très largement non sélectif, accessible à tout bachelier en premier cycle tout au moins A côté, un premier groupe rassemble les écoles : écoles d’ingénieurs non universitaires, établissements d’enseignements supérieurs non rattachés aux universités (écoles de commerce, de gestion, vente, comptabilité, notariat…), les écoles supérieures artistiques, écoles paramédicales et sociales. En lien avec cet espace, les classes préparatoires CPGE, qui pratiquent une sélection intense. Enfin, les filières courtes professionnelles : IUT formations sélectives conduisant normalement àune insertion professionnelle, les sections de techniciens supérieurs (STS). On peut remarquer dans ce cadre que depuis l’instauration du LMD, certains seconds et troisièmes cycles professionnels universitaires développent et pratiquent une sélection sur dossier importante pour les diplômes les plus réputés.

 Le paysage est donc pluriel et n’entre pas qui veut forcément, mécaniquement dans l’enseignement supérieur. Une analyse selon le genre et selon l’origine sociale et l’origine nationale des étudiants devrait permettre d’éclairer d’un autre point de vue la question de la démocratisation de l’enseignement supérieur.

L’origine sociale reste toujours fortement prédictive du niveau atteint dans l’enseignement supérieur

Une sélection sociale est à l’oeuvre dans les universités : la proportion d’étudiants issus des milieux sociaux moins favorisés, diminue au fur et à mesure que le degré s’élève, ce qui relativise l’écart constaté entre les grandes écoles et les seules universités. Les enfants d’employés représentent 14,5% des étudiants du premier cycle mais ils ne sont plus que 7% du troisième cycle. Les enfants de familles ouvrières représentent 13% des étudiants de DEUG contre 5% maîtrise.

 Toujours dans le monde de l’université, dans les filières santé, pharmacie, médecine, les enfantsde cadres représentent plus de 43% des étudiants. Ils sont également plus nombreux en sciences, beaucoup moins en lettres, économie et AES où les enfants d’origine moyenne et modeste sont majoritaires. Dans les formations master professionnelles relevant de l’Université et qui accentuent la sélectivité, le taux d’étudiants dont les parents sont cadres tend à s’approcher de celui relevé en écoles, remettant en cause le constat jusque là réalisé d’un accès universitaire plus large aux étudiants d’horizons sociaux plus diversifiés et participant de facto à une démocratisation réelle des études supérieures. Outre un effet niveau, se conjugue donc un effet filière de formation.

 Un autre facteur entre en jeu et doit être pris en compte, celui de la réussite scolaire : le taux de réussite au DEUG en deux ans est de 40% pour les étudiants les moins favorisés contre 45% pour les catégories intermédiaires et 50% pour les étudiants issus de milieux favorisés.

Force est donc de constater que la démocratisation de l’enseignement supérieur au demeurant relativement satisfaisante sur le plan quantitatif n’est qu’apparent au niveau de la réussite et que les chiffres globaux dissimilent des inégalités persistantes du fait de la sélectivité des cycles supérieurs.

L’impact du genre confirme ces constats. Les parcours de formation sont en effet fortement sexués même si effectivement, quantitativement les femmes sont largement présentent dans le supérieur.

 Le constat de l’existence de filières, précisé plus haut, se retrouve. Les filles sont ainsi majoritaires en sciences de la vie et minoritaires en sciences fondamentales. Majoritaires dans les universités (AES, Sociologie, économie), elles sont minoritaires dans les formations professionnelles courtes à l’exception de filières particulières liées au tertiaire (GEA par exemple). Dans la sphère des écoles et des classes préparatoires qui y mènent, elles sont largement sous représentées sauf dans les classes littéraires où elles ont accru leur hégémonie (plus de 70%).

 Enfin, l’origine nationale des jeunes sortants de l’enseignement supérieur est aussi fortement typée : la part des jeunes dont le père, la mère ou le jeune lui même est né à l’étranger est en moyenne de 22% pour l’ensemble des sortants du supérieur. Cette proportion est nettement plus élevée chez ceux qui quittent l’université sans diplôme (34%) ou avec le seul DEUG (31%). En revanche elle est systématiquement inférieure dans les formations sélectives telles que les STS, IUT, bac +2 santé et social, école de commerce et d’ingénieurs, à l’exception des masters recherche et DEA qui accueillent davantage d’étudiants étrangers.

 On retrouve ici la différence notée en terme de CSP entre filières de formation relevant de marchés professionnels et filières universitaires (Céreq) L’ensemble de ces éléments confirme une croissance des effectifs et une diffusion de l’accès à l’enseignement supérieur. Les caractéristiques de cette tendance que nous venons de dessiner invitent pour autant à discuter le terme de « démocratisation ».

II – Retour sur le terme de démocratisation.

 Jusqu’aux années 1990, le débat sur l’égalité des chances scolaires en France a pris la forme d’une opposition quelque peu artificielle entre la « théorie de la reproduction » développée par Pierre Bourdieu et Jean-Claude Passeron, et le « modèle des choix rationnels » importé par Raymond Boudon.

 À cette opposition s’est superposée la distinction faite entre « massification » des effectifs scolarisés et « démocratisation » de l’accès aux diplômes. C’est l’enquête menée par Antoine Prost pour le Commissariat au plan qui a contribué à importer le terme, politique plus que scientifique, de « démocratisation » dans les analyses sur « l’inégalité des chances ».

 Publiée en 1986 sous le titre L’enseignement s’est-il démocratisé ?, cette enquête a introduit des distinctions qui seront ensuite reprises par la plupart des spécialistes de la question. La « démocratisation quantitative » désigne uniquement l’allongement de la durée des études, tandis que la « démocratisation qualitative » décrit l’affaiblissement du lien entre diplôme et origine sociale. La « démocratisation quantitative » par simple allongement généralisé des études ne produit qu’une simple translation des inégalités sociales, les jeunes d’origine sociale modeste accédant à des niveaux de formation plus élevés mais les écarts de destinée scolaire par rapport aux jeunes issus de milieux sociaux plus favorisés demeurent aussi importants. La «démocratisation qualitative» suppose au contraire la réduction de ces écarts.

 La mise en évidence d’une «démocratisation qualitative» se veut un argument critique contre la théorie de la reproduction. La distinction entre «démocratisation qualitative» et «démocratisation quantitative» va devenir un enjeu de luttes d’autant plus important qu’elle est susceptible de valider ou, au contraire, de relativiser le bien-fondé des objectifs quantitatifs d’accès à un niveau de diplôme assignés au système scolaire depuis la création des baccalauréats professionnels. Plus encore, la «démocratisation qualitative» constitue un enjeu spécifique : elle permet d’inscrire l’élévation du niveau de formation dans un projet politique global de réduction des inégalités sociales dans la mesure où elle suppose non seulement une translation des inégalités mais aussi la réduction des écarts entre les groupes sociaux. Elle établit un lien entre la réduction des écarts sociaux s’agissant d’accès à des niveaux de formation et d’accès à des positions sociales. Elle permet aussi de fonder l’équivalence établie par les pouvoirs publics entre «exclusion scolaire» et «exclusion sociale », équivalence qui peut aller jusqu’à, selon certains auteurs, imputer au système scolaire la responsabilité du chômage (Garcia, Poupeau).

 C’est un article de Michel Euriat et Claude Thélot qui a véritablement redéfini la façon dont a été posé le problème de la «démocratisation» scolaire dans les années 1990 en France. Leur constat est que, contrairement au reste du système éducatif, les grandes écoles prestigieuses se sont peu ouvertes aux classes populaires. On peut même parler de fermeture de l’accès à l’élite scolaire pour les jeunes d’origine populaire, comme le montre l’exemple des quatre grandes écoles analysées : l’École polytechnique, l’ENS, l’ENA et HEC.

 Les résultats de Claude Thélot et Michel Euriat sont repris par Pierre Merle en 1996 dans un article sur les transformations socio-démographiques des filières de l’enseignement supérieur de 1985 à 1995 Il montre que si la ségrégation à l’oeuvre dans le système d’enseignement s’est transférée vers les niveaux supérieurs, il faut compléter ce modèle par une lecture en termes de «développement différencié de l’institution scolaire». Il confronte ainsi plusieurs modèles interprétatifs : le «modèle du retard», le recrutement socialement sélectif des grandes écoles s’explique par un simple décalage temporel avec la réduction des inégalités à l’université, le «modèle du développement différencié», l’ouverture de l’université aux publics populaires n’implique pas la « démocratisation » de l’élite scolaire dont le recrutement social demeure fermé.

 Ce dernier modèle donne sens à l’étude des taux de féminisation, de la répartition géographique et de la croissance des effectifs scolarisés. Il s’applique aussi à l’accès aux IUT et aux classes préparatoires aux grandes écoles, dont le recrutement, plus bourgeois, reste stable, sauf pour les écoles d’ingénieurs

En revanche, le modèle du retard peut permettre d’interpréter le développement de la « démocratisation » à l’intérieur de l’université, à deux nuances près : en premier lieu, la «démocratisation » constatée est surestimée car le taux d’élimination en cours d’études est socialement différencié et défavorable pour les jeunes de milieux défavorisés. En second lieu, la baisse de la part pondérée du taux de cadres ne s’accompagne pas d’une amélioration du destin scolaire du groupe le moins représenté à l’université, c’est-à-dire les enfants d’ouvriers.

 Si Goux et Maurin (1995) ont eux parlé de démocratisation uniforme (l’accès pour tous mais avec maintien des inégalités), Merle (2002 et 2009) constate que le recrutement social différencié accru selon les filières laisse entrevoir un nouveau sens de la démocratisation dès lors dénommée « démocratisation ségrégative » : le premier terme rend compte effectivement d’un accès élargi à l’Enseignement supérieur alors que le second terme souligne la divergence croissante du recrutement social. On peut ici parler de diffusion inégalitaire. L’accès s’est élargi mais de manière différencié.

 III. Pourquoi cette tendance

Une reproduction des tendances à l’oeuvre dans le secondaire.

 Le recrutement dans l’enseignement supérieur est directement influencé par la répartition des élèves au niveau du secondaire et par la structure, en fonction de l’origine sociale et en fonction du genre, des filières de bacs. Or force est de constater ici une répartition inégalitaire selon les filières (générale versus professionnelle) et selon les séries (S, L, ES, industrielles ou tertiaires…) : les enfants de cadre sont sur représentés dans les sections S qui offrent le plus de débouchés dans le supérieur ; les enfants d’ouvriers sont particulièrement nombreux dans les séries professionnelles ; les bacheliers en avance se retrouvent majoritairement dans les filières générales alors que « les retardataires » dans les filières professionnelles.

 Si l’enseignement supérieur fait preuve d’une « démocratisation ségrégative », l’alimentation par des flux du secondaire rend son évolution plus complexe encore.

 Retour sur l’inégalité sexuée

 Présentes dans le supérieur, les filles suivent de fait des parcours sexués. Plus qu’un parcours choisi, ce dernier semble bien, pour une part importante des filles, relever du parcours contraint. Ce sont tout à la fois des variables macroéconomiques, des stéréotypes en matière de conception, de représentation, de perception des métiers dits féminins /dits masculins, des stratégies scolaires, une perception de l’avenir… qui déterminent le choix scolaire. Un certain nombre d’auteurs en effet relèvent que les filles semblent intégrer dans leur choix de formation initiale, les contraintes liées aux métiers, contraintes qu’elles retrouveront sur le marché du travail. Leur choix est ainsi « résonné et raisonnable, intégrant parfois même les contraintes de conciliation vie de famille/temps de travail qu’il leur faudra assumer.

 L’important croissante des filles serait pour une large part ainsi liée au développement d’une offre de formation adaptée (filières et métiers futurs) et par une auto censure…

 Développements de nouveaux éléments de différentiation..

 La translation des inégalités se fait autant à l’intérieur même du système scolaire entre les différentes trajectoires scolaires suivies, que « du bas vers le haut » : la tendance des catégories les mieux dotées scolairement à fuir les filières qui se sont le plus ouvertes aux catégories populaires fait apparaître un semblant d’égalisation là où il y a en réalité, une baisse du rendement scolaire de ces filières et une fuite des catégories les mieux dotées – baisse pouvant d’autant moins se réduire à une « fuite vers le haut » que ces catégories atteignaient déjà des niveaux de scolarisation élevés. Un allongement général des études peut ainsi s’accompagner d’une plus grande différenciation interne, comme l’ont montré Convert et Pinet.

 Outre cette fuite des catégories favorisées, de nouveaux mécanismes se mettent en oeuvre pour contrecarrer les effets liés à la massification que sont entre autres la diminution de la valeur des diplômes. Pour retrouver ou maintenir le rendement futur du diplôme selon l’approche de la théorie du capital humain (Becker), ou encore pour consolider les effets de «signal» ou de «filtre» (Spence et Arrow) liés à la certification ou à l’institution qui la délivrée, de nouveaux éléments de discrimination se font jour.

 Des pratiques de recrutements qui reposent de plus en plus sur le savoir être, sur la possession de normes sociales typées, possédées par « nature » par les classes sociales aisées, se mettent en place, donnant une place importante aux réseaux, au relationnel.

Au sein d’une même filière, la différenciation prend la forme parfois de la voie par laquelle le diplôme a été obtenu : formation scolaire/apprentissage/alternance ; formation initiale/formation continue/ VAE…

 Le développement de la professionnalisation de l’enseignement supérieur, source de richesse incontestable et garant d’une meilleure insertion professionnelle, peut introduire de nouveaux éléments de différenciation voire de discrimination : présence des entreprises dans les formations, dans les sélections…d’où transfert des critères de recrutement en présence sur le marché du travail au sien du système éducatif. Les formations liées à des marchés professionnels (selon la dénomination de Marsden) perdurent ou se développent.

IV –Des politiques volontaristes pour contrecarrer les tendances à l’oeuvre ?

 Un maillage universitaire du territoire plus serré.

 Les formations de proximité sont moins coûteuses pour les familles (coût du logement, des transports étant les principales dépenses des étudiants). Une offre de formation de proximité est une offre de poursuite d’études. Serait-ce là l’explication du lien à faire entre la forte représentation des catégories sociales défavorisées et la meilleure implantation des sections STS et IUT ?

 Incontestablement, là où se sont développées les Universités en antenne délocalisée, la diffusion au sein des milieux populaires de l’accès à l’enseignement supérieur est constatée. Mais la question du coût collectif de cette décentralisation se pose remettant en question le mouvement des années quatre vingt dix…

 Dispositifs pou une plus grande ouverture des grandes écoles :

 Système de partenariats privilégiés mis en place entre lycées et grandes écoles

Echanges pédagogiques entre enseignants de lycées et de grandes écoles

Développement des cycles préparatoires intégrés aux grandes écoles

Système des quotas ?

Système des concours réservés, ou procédure de sélection hors concours

Système d’aide par bourses spécifiques et d’encadrement particulier (internat).

VI – Remarque : de l’importance et de la vigilance en matière de production d’indicateurs statistiques.

 Les indicateurs statistiques de «démocratisation scolaire» requièrent une vigilance épistémologique d’autant plus grande que la sophistication des outils statistiques rend leur compréhension moins accessible. L’analyse de l’évolution des inégalités et du lien entre accès aux diplômes et origine sociale ne peut donc faire l’économie d’une réflexion sur la construction sociologique des indicateurs utilisés.

 Les statistiques attestant d’une baisse ou d’une hausse du niveau scolaire utilisent des indicateurs comme les taux de réussite aux examens, les taux de redoublement, la durée de scolarisation ou encore les taux d’accès à des niveaux de scolarisation en fonction des catégories socioprofessionnelles ou/et des classes d’âge.

 Les modèles et méthodes employés par les sociologues induisent eux-mêmes des biais dans la construction et l’interprétation des indicateurs de la «démocratisation». Le choix des modèles, la définition des nomenclatures utilisées (CSP – PSC….), la variabilité et la transformation des filières de formation (empêchant une analyse « toute chose égale par ailleurs ») ou même encore le traitement des données (comparaison entre deux catégories seulement – cadres et ouvriers) engagent des «choix de fond » dans la construction d’indicateurs. Les études sur la «démocratisation scolaire » sont ainsi l’occasion de réflexions méthodologiques sur les modes de comparaison des variables (méthodes économétriques, utilisation des odds ratios, nomenclatures….)

En guise de conclusion.

 Si la diffusion de l’enseignement supérieur est incontestable, l’usage du terme démocratisation ne saurait caractériser cette tendance au regard des constats réalisés : logique de niveaux, logique de filières qui maintiennent voire accroissent les inégalités selon les origines sociales, ethniques ou selon le genre.

 L’élargissement considérable de l’accès à l’enseignement supérieur est l’objet d’une opposition classique qui se développe : d’un côté cette évolution est analysée en termes d’inflation scolaire source de désillusion pour les nouveaux diplômés (Marie Duru Bella). De l’autre (Eric Maurin,), l’expansion doit se poursuivre. Elle serait indispensable aux nouveaux diplômés et source de richesse au niveau collectif du point de vue économique. Entre les deux, les travaux de Chauvel, soulignent le blocage de l’ascenseur social et le déclassement des nouveaux diplômés.

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De quelle modernisation avons-nous besoin ? Par P.Laderrière

Attention ! Je quitte ma mission de web master de ce site au 31 décembre  2019. Je remercie celles et ceux qui m’ont accompagnés pour faire vivre cette vitrine témoin de l’actualité de l’orientation et de ses évolutions au cours de ces vingt dernières années. Merci bien sûr à vous, amis internautes. Cette mise à jour du 16/12/ 2019 est la dernière effectuée sous ma responsabilité.

Jean-Marie Quiesse

Petit historique des Dîners-débat de 2001 à 2015

  • 2015 Orientation et parcours de réussite scolaire – Olivier Brunel
  • Décembre 2011 Faut-il croire les économistes pour bien  s’orienter? – Christian Biales, Jean Moutouh
  • Février 2010 Comment bien gérer son identité numérique ?Stéphanie Metz
  • janvier 2010 Le life coaching pour mieux équilibrer vie personnelle et vie profesionnelle – Yves Vidal
  • Mars 2009 En quoi le sentiment d’efficacité personnelle permet-il de mieux réussir dans la vie ? – Serge Blanchard
  • juin 2008 L’orientation, est-ce un métier ? – Dominique Odry
  • mars 2008 Philosopher dès l’école primaire, est-bien nécessaire ? – Sylvain Connac
  • Novembre 2007 – Le genre en orientation : est-ce un problème ?– Bénédicte Gendron
  • Mars 2007 Faut-il professionnaliser les Universités, et si oui comment? – Francis Danvers
  • Novembre 2006 Comment décentraliser le système éducatif français ?- Pierre Laderrière
  • Mai 2006 Savoir devenir : une démarche orientante au cœur d’un nouveau contexte de société – Jean-Pierre Boutinet
  • Mars 2006 Egalité, inégalités, l’orientation est-elle en cause ? -Jean Pierre Laurens
  • Octobre 2005 La Découverte professionnelle au collège : une grande première – Olivier Brunel
  • Novembre 2004 Orientation et carrières : après 2006, aurons nous encore le choix ? – Stéphane Michun
  • Juin 2004 L’évaluation des professeurs par les étudiants : sujet tabou ou acte pédagogique ? – Roland Louis
  • Décembre 2003 Le LMD est une réforme profonde. Va-t’elle modifier l’échelle du mérite et améliorer l’orientation ? – Pierre Merle
  • Juin 2003 Choc démographique et nouvelles compétences. – Véronique Melquion
  • Juin 2003 L’école « fait » l’orientation. Quel rôle pour les parents ? – Marc Fourez
  • Avril 2003 Choc démographique et nouvelles compétences – Jean-Marie Quiesse
  • Mai 2002 Les enseignements disciplinaires servent-ils au développement de compétences utiles ? – Roland Louis
  • Décembre 2001 Quand l’entreprise est au service de l’Homme : quelles conséquences pour l’éducation et l’orientation ?- Eric Tercinier
  • Octobre 2001 L’emploi pour tous, une utopie ? – Arnault Ducrest
  • Mars 2001 Valider les acquis de l’expérience professionnelle. Quels enjeux ? Quels projets ? Quelle légitimité?-Jean Marie Quiesse
  • Décembre 2000 Changements économiques, changements de société. Quelles nouvelles logiques de préparation et d’accompagnement de la carrière ?

Pour quoi réformer ? De quelle modernisation avons-nous besoin ?

conférence de juin 2009

En 2007, 80 mesures étaient prévues pour réformer la France. Le système éducatif et les universités, y entraient donc. Mais une réforme pour quoi faire ? Allait-on, partir de considérations de qualité, ou de la seule réduction des coûts ? L’ambigüité a été peu à peu levée par une nette tendance en faveur de la seconde hypothèse que d’aucuns qualifient de « politique de la hache ». Deux années ont passé. Il est difficile aujourd’hui de se repérer tant les effets constatés paraissent flous, voire négatifs. Ainsi la réforme des lycées (où rien n’a bougé depuis 1992) est “ajournée”, et les politiques d’orientation (gelées depuis 1971) ne sont toujours pas au rendez-vous. Dans l’enseignement supérieur, on parle beaucoup de la Recherche mais ce discours occulte le problème des universités et de leur crédibilité auprès des familles et des jeunes. Pourquoi la France, si fière de son système d’éducation et de formation, mais aussi très attachée à son exemplarité, a-t-elle dédaigné les avertissements que lui envoyaient les analyses internationales et comparatives ? Elles pointaient déjà le recul de son image en la matière. Pourquoi les politiques d’innovation prônées pour l’ensemble des secteurs d’éducation et de formation sont-elles si peu marquées dans le scolaire par rapport au supérieur au risque d’accentuer le décalage entre les deux et nier les rapports systémiques qui les lient ? De quelle modernisation avons-nous besoin pour “rester à flot” et nous insérer le mieux possible dans l’Europe en mutation ?

Pierre LADERRIERE, ancien chef de programmes à l’OCDE, spécialiste des systèmes européens et étrangers, consultant en politiques d’enseignement. Continuer la lecture

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Admission post bac : clefs pour une bonne stratégie

Vous trouverez ici des ressources actualisées pour vous aider à bien utiliser Admission post bac, un système qui vous avantage si vous savez bien l’utiliser. Dès l’ouverture du site, vous pourrez affiner vos recherches, contacter des établissements d’enseignement supérieur, commencer à classer vos souhaits et utiliser des logiciels ou des “jeux” de simulation. Puis, vous suivrez pas à pas l’avancée de vos demandes classées dans un ordre de préférence connu de vous seul et modifiable jusqu’en juin. Votre choix est strictement personnel et vous pouvez vous montrer ambitieux si vous avez bien examiné les conditions de réussite de votre projet. Vous avez aussi la garantie que chaque vœu sera examiné pour lui même, indépendamment des autres . Entre autres intérêts, Admission post Bac vous permet d’élargir vos perspectives et améliore aussi l’égalité de traitement entre les candidats.

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Le décrochage scolaire – Apprivoiser la complexité pour mieux agir Quiesse JM – Pinard L. – Duboisset RA.

 Jean-Marie QUIESSE – Ludovic PINARD – Rose-Anne DUBOISSET

Nous assistons à une ré-émergence du décrochage. Même si les chiffres officiels ne sont pas toujours bien connus en France, hormis le traditionnel 150 000 jeunes, ils montrent ailleurs, dans les pays développés, une progression certaine. La France  compte peu de rapports nationaux récents sur ce thème . Toutefois, selon celui de l’OCDE 2011, la part de « jeunes en difficulté » aurait augmenté, entre 2000 et 2009 de plus de 30%.   Avec la prise en compte du capital connaissance comme valeur économique et sociale durables, le sujet suscite un nouvel intérêt. Des approches préventives se développent et des actions de remédiation également. Il entre, en effet, dans la stratégie européenne de lutter contre ce phénomène.

 Ce problème est devenu une priorité nationale d’action en 2009 puis une « lutte » pour le ministère de l’éducation nationale en 2011. Les conditions de la vie urbaine et les difficultés à intégrer le marché du travail exacerbent ce phénomène récurrent. Il semblerait important, en France, de tenter la réalisation d’un modèle explicatif pour mieux comprendre les facteurs en jeu et renforcer la cohérence d’actions partagées, de définir les conditions d’un diagnostic solide et partagé, enfin de mieux évaluer les actions au fil de l’eau. Cet article tente de faire le point sur les analyses existantes, offre une large bibliographie et recense les moyens actuellement mis en œuvre. Il s’appuie sur les travaux existants mais aussi des expériences concrètes vécues par les éducateurs et les enseignants. Continuer la lecture

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D’autres regards sur l’orientation

Congrès 2012 apprendre et s’orienter

Table ronde : animation Jean-Marie Quiesse

Avec la participation de Christian BIALES, Professeur de chaire supérieure en économie et gestion, Florian MANTIONE, directeur du réseau international de conseil en ressources humaines, Lucie SCIABBARRASI, éditrice en recherche d’emploi,  Véronique SIHARATH-POUJOLS des APEL (association des parents d’élèves de l’enseignement libre), Pascal MORIN, mère d’élève. 

Si l’orientation est un acte existentiel personnel, elle est aussi l’ensemble des moyens mis à  la disposition de chaque citoyenne, chaque citoyen, pour préparer et accompagner ses choix professionnels. Parmi ces moyens, la possibilité de se former donne du souffle aux projets, et s’orienter s’appuie sur une dynamique d’apprentissage formel ou informel, car toute situation est l’occasion d’apprendre et de se distinguer. Mais divers éléments comme le développement structurel du chômage des jeunes indiquent que de nouvelles transformations sont à l’œuvre dans la relation de la formation et de l’emploi mais aussi dans la conception même des apprentissages et des parcours de carrière, tandis qu’il convient de développer chez les jeunes générations des compétences nouvelles dans des organisations où les représentations et les croyances ne sont peut-être plus très en phase avec les réalités d’aujourd’hui. Continuer la lecture

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Soutenir les élèves et les établissements défavorisés – rapport OCDE –

Les coûts économiques et sociaux de l’échec scolaire et du décrochage sont élevés. En revanche, l’achèvement réussi de l’enseignement secondaire permet aux individus d’améliorer leurs perspectives d’emploi et de mener une vie saine, et se traduit également par plus d’investissements publics grâce à une hausse de l’impôt. L’amélioration des qualifications des individus contribue à l’émergence de sociétés plus démocratiques et d’économies plus durables, tout en réduisant leur dépendance à l’égard des structures d’aide publique et leur exposition aux récessions. Les sociétés dont la population est qualifiée sont mieux préparées à affronter la crise actuelle et les futures crises potentielles. Investir dans l’enseignement pré-primaire, primaire et secondaire pour tous, et en particulier pour les enfants issus de milieux défavorisés, est une mesure équitable et en même temps économiquement rentable…

Les coûts économiques et sociaux de l’échec scolaire et du décrochage sont élevés. En revanche, l’achèvement réussi de l’enseignement secondaire permet aux individus d’améliorer leurs perspectives d’emploi et de mener une vie saine, et se traduit également par plus d’investissements publics grâce à une hausse de l’impôt. L’amélioration des qualifications des individus contribue à l’émergence de sociétés plus démocratiques et d’économies plus durables, tout en réduisant leur dépendance à l’égard des structures d’aide publique et leur exposition aux récessions. Les sociétés dont la population est qualifiée sont mieux préparées à affronter la crise actuelle et les futures crises potentielles. Investir dans l’enseignement pré-primaire, primaire et secondaire pour tous, et en particulier pour les enfants issus de milieux défavorisés, est une mesure équitable et en même temps économiquement rentable.

Pour en savoir plus : Soutenir les élèves et les établissements défavorisés (rapport OCDE)

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