Conseiller d’orientation au Québec
Les diplômes suivants donnent accès au permis de conseiller d’orientation délivré par l’Ordre :
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Maîtrise en sciences de l’orientation avec stage et essai ou avec stage et mémoire (M.A.), de l’Université Laval;
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Maîtrise en éducation, option carriérologie, avec stage et essai (M.Éd.), de l’Université du Québec à Montréal;
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Maîtrise en orientation avec stage et essai ou avec stage et mémoire (M.Sc.), de l’Université de Sherbrooke;
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Master of Arts (M.A.), non-thesis, Counselling Psychology Program, de l’Université McGill.
De France au Québec – le Conseiller d’orientation
Description du métier de conseiller d’orientation et évocation des métiers associés
En tant que conseillère ou conseiller en orientation, tu auras pour tâches d’aider de conseiller des personnes individuellement ou en groupes à définir leur cheminement scolaire ou professionnel qu’elles désirent entreprendre. Tu les aideras dans leurs démarches en élaborant et utilisant différents moyens de consultation comme : les tests psychométriques (tests de personnalité, tests d’évaluation des aptitudes, tests d’évaluation des intérêts, etc), des entrevues individuelles ou de groupes, des méthodes de recherche d’emploi ou par d’autres moyens qui pourront les aider. Tu auras aussi à élaborer et à animer des ateliers ou des activités d’information ou de formation sur les carrières, la recherche d’emploi, la gestion de carrière, l’insertion sociale et professionnelle, la préparation à la retraite, etc. Selon le milieu où tu travailleras, on pourrait même faire appel à tes compétences afin d’élaborer et de mettre en oeuvre des programmes d’études, des programmes d’insertion sociale et professionnelle, des programmes d’aide à l’emploi, des méthodes d’évaluation et de sélection du personnel, etc.
Le conseiller d’orientation organisationnel (en entreprise)
Le président de l’Ordre des conseillers et conseillères d’orientation du Québec, M. Laurent Matte, c.o., « Notre profession évolue avec les besoins sociaux et économiques; l’expertise de l’adéquation entre les personnes et le travail s’avère plus pertinente que jamais, et les habiletés d’évaluation et d’intervention des conseillers et conseillères d’orientation ont plus d’une fois démontré leur utilité dans les organisations, au-delà de leur contexte traditionnel ».
Baccalauréat en développement de carrière (niveau licence européenne) (UQAM)
L’objectif général du programme vise la formation de professionnels en développement de carrière. De façon générale, le spécialiste en développement de carrière se préoccupe de la mise en valeur des ressources humaines ainsi que des relations dynamiques entre la formation, la profession et le travail. Plus précisément, il sera capable d’aider les gens qui en éprouvent le besoin à préparer, à entreprendre, à poursuivre ou à reconsidérer un projet d’études et de carrière. Il saura concevoir et implanter des programmes de formation en employabilité qui faciliteront le développement du potentiel humain, le déroulement de la carrière et l’adaptation des individus à leur milieu de vie d’études et de vie professionnelle. Ce programme conduit à un diplôme permettant l’accès au marché du travail et favorise aussi une préparation théorique et scientifique aux programmes d’études supérieures universitaires.
Cette formation doit permettre à l’étudiant d’atteindre au moins trois objectifs fondamentaux suivants :
1) l’acquisition de connaissances théoriques, d’habiletés et d’attitudes qui rendent aptes à une intervention professionnelle certifiée par un baccalauréat en développement de carrière ;
2) la possibilité de poursuivre des études supérieures dans le champ du développement de carrière à l’UQAM ou dans une autre université, en vue de devenir professionnel en développement de carrière et porter le titre de conseiller d’orientation s’il devient membre de l’Ordre Professionnel des Conseillers et Conseillères d’Orientation et des psychoéducateurs et psychoéducatrices du Québec ;
3) la possibilité d’entreprendre des études de spécialisation dans un champ connexe au développement de carrière.
Ce programme offre une formation professionnelle dont les fondements sont les théories du développement de carrière et les théories du counseling. Il favorise une intégration de connaissances multidisciplinaires empruntant à l’éducation, à la psychologie, à la gestion des ressources humaines, à l’économie et à la sociologie. Des stages sont effectués dans différents milieux : en intervention communautaire, en gestion des ressources humaines, en insertion socioprofessionnelle, en milieu scolaire ainsi qu’en pratique privée.
Baccalauréat (licence européenne) université de Laval
L’Université Laval est pionnière et chef de file dans le domaine de l’orientation scolaire et professionnelle au Québec. La formation qui y est donnée dépasse les limites du simple exercice de la profession en milieu scolaire pour mener aussi à son exercice dans toutes sortes d’organisations ou encore au travail autonome. La réputation de l’Université Laval sur ces différents plans est une valeur ajoutée à votre diplôme.
Vous apprécierez le cheminement pédagogique proposé qui comprend notamment un stage et des cours pratiques. Le programme offre également, par son profil international, la possibilité de réaliser une session (cours et stage) en France ou au Maroc.
Enseignement supérieur : vraie démocratisation ?
Ce texte a été proposé comme correction à l’épreuve d’économie du concours de Conseiller d’orientation psychologue en 2010
En 2008, près de 2,3 millions de jeunes étaient inscrits dans l’enseignement supérieur alors qu’ils n’étaient que 1,7 en 1990. Sachant qu’ainsi c’est plus de la moitié d’une génération qui accède à l’enseignement supérieur, peut-on dès lors parler de démocratisation de l’enseignement supérieur ?
I – Le constat
Incontestablement les jeunes diplômés de l’enseignement supérieur ont augmenté fortement, dans la droite ligne de l’augmentation des titulaires du bac. Entre 1960 et 2008, le flux d’étudiants accédant à l’enseignement supérieur est multiplié par 7. Néanmoins, le paysage des formations supérieures est disparate et les figures de l’étudiant plurielles.
L’enseignement supérieur est d’abord synonyme d’étudiant en université, où l’accès reste très largement non sélectif, accessible à tout bachelier en premier cycle tout au moins A côté, un premier groupe rassemble les écoles : écoles d’ingénieurs non universitaires, établissements d’enseignements supérieurs non rattachés aux universités (écoles de commerce, de gestion, vente, comptabilité, notariat…), les écoles supérieures artistiques, écoles paramédicales et sociales. En lien avec cet espace, les classes préparatoires CPGE, qui pratiquent une sélection intense. Enfin, les filières courtes professionnelles : IUT formations sélectives conduisant normalement àune insertion professionnelle, les sections de techniciens supérieurs (STS). On peut remarquer dans ce cadre que depuis l’instauration du LMD, certains seconds et troisièmes cycles professionnels universitaires développent et pratiquent une sélection sur dossier importante pour les diplômes les plus réputés.
Le paysage est donc pluriel et n’entre pas qui veut forcément, mécaniquement dans l’enseignement supérieur. Une analyse selon le genre et selon l’origine sociale et l’origine nationale des étudiants devrait permettre d’éclairer d’un autre point de vue la question de la démocratisation de l’enseignement supérieur.
L’origine sociale reste toujours fortement prédictive du niveau atteint dans l’enseignement supérieur
Une sélection sociale est à l’oeuvre dans les universités : la proportion d’étudiants issus des milieux sociaux moins favorisés, diminue au fur et à mesure que le degré s’élève, ce qui relativise l’écart constaté entre les grandes écoles et les seules universités. Les enfants d’employés représentent 14,5% des étudiants du premier cycle mais ils ne sont plus que 7% du troisième cycle. Les enfants de familles ouvrières représentent 13% des étudiants de DEUG contre 5% maîtrise.
Toujours dans le monde de l’université, dans les filières santé, pharmacie, médecine, les enfantsde cadres représentent plus de 43% des étudiants. Ils sont également plus nombreux en sciences, beaucoup moins en lettres, économie et AES où les enfants d’origine moyenne et modeste sont majoritaires. Dans les formations master professionnelles relevant de l’Université et qui accentuent la sélectivité, le taux d’étudiants dont les parents sont cadres tend à s’approcher de celui relevé en écoles, remettant en cause le constat jusque là réalisé d’un accès universitaire plus large aux étudiants d’horizons sociaux plus diversifiés et participant de facto à une démocratisation réelle des études supérieures. Outre un effet niveau, se conjugue donc un effet filière de formation.
Un autre facteur entre en jeu et doit être pris en compte, celui de la réussite scolaire : le taux de réussite au DEUG en deux ans est de 40% pour les étudiants les moins favorisés contre 45% pour les catégories intermédiaires et 50% pour les étudiants issus de milieux favorisés.
Force est donc de constater que la démocratisation de l’enseignement supérieur au demeurant relativement satisfaisante sur le plan quantitatif n’est qu’apparent au niveau de la réussite et que les chiffres globaux dissimilent des inégalités persistantes du fait de la sélectivité des cycles supérieurs.
L’impact du genre confirme ces constats. Les parcours de formation sont en effet fortement sexués même si effectivement, quantitativement les femmes sont largement présentent dans le supérieur.
Le constat de l’existence de filières, précisé plus haut, se retrouve. Les filles sont ainsi majoritaires en sciences de la vie et minoritaires en sciences fondamentales. Majoritaires dans les universités (AES, Sociologie, économie), elles sont minoritaires dans les formations professionnelles courtes à l’exception de filières particulières liées au tertiaire (GEA par exemple). Dans la sphère des écoles et des classes préparatoires qui y mènent, elles sont largement sous représentées sauf dans les classes littéraires où elles ont accru leur hégémonie (plus de 70%).
Enfin, l’origine nationale des jeunes sortants de l’enseignement supérieur est aussi fortement typée : la part des jeunes dont le père, la mère ou le jeune lui même est né à l’étranger est en moyenne de 22% pour l’ensemble des sortants du supérieur. Cette proportion est nettement plus élevée chez ceux qui quittent l’université sans diplôme (34%) ou avec le seul DEUG (31%). En revanche elle est systématiquement inférieure dans les formations sélectives telles que les STS, IUT, bac +2 santé et social, école de commerce et d’ingénieurs, à l’exception des masters recherche et DEA qui accueillent davantage d’étudiants étrangers.
On retrouve ici la différence notée en terme de CSP entre filières de formation relevant de marchés professionnels et filières universitaires (Céreq) L’ensemble de ces éléments confirme une croissance des effectifs et une diffusion de l’accès à l’enseignement supérieur. Les caractéristiques de cette tendance que nous venons de dessiner invitent pour autant à discuter le terme de « démocratisation ».
II – Retour sur le terme de démocratisation.
Jusqu’aux années 1990, le débat sur l’égalité des chances scolaires en France a pris la forme d’une opposition quelque peu artificielle entre la « théorie de la reproduction » développée par Pierre Bourdieu et Jean-Claude Passeron, et le « modèle des choix rationnels » importé par Raymond Boudon.
À cette opposition s’est superposée la distinction faite entre « massification » des effectifs scolarisés et « démocratisation » de l’accès aux diplômes. C’est l’enquête menée par Antoine Prost pour le Commissariat au plan qui a contribué à importer le terme, politique plus que scientifique, de « démocratisation » dans les analyses sur « l’inégalité des chances ».
Publiée en 1986 sous le titre L’enseignement s’est-il démocratisé ?, cette enquête a introduit des distinctions qui seront ensuite reprises par la plupart des spécialistes de la question. La « démocratisation quantitative » désigne uniquement l’allongement de la durée des études, tandis que la « démocratisation qualitative » décrit l’affaiblissement du lien entre diplôme et origine sociale. La « démocratisation quantitative » par simple allongement généralisé des études ne produit qu’une simple translation des inégalités sociales, les jeunes d’origine sociale modeste accédant à des niveaux de formation plus élevés mais les écarts de destinée scolaire par rapport aux jeunes issus de milieux sociaux plus favorisés demeurent aussi importants. La «démocratisation qualitative» suppose au contraire la réduction de ces écarts.
La mise en évidence d’une «démocratisation qualitative» se veut un argument critique contre la théorie de la reproduction. La distinction entre «démocratisation qualitative» et «démocratisation quantitative» va devenir un enjeu de luttes d’autant plus important qu’elle est susceptible de valider ou, au contraire, de relativiser le bien-fondé des objectifs quantitatifs d’accès à un niveau de diplôme assignés au système scolaire depuis la création des baccalauréats professionnels. Plus encore, la «démocratisation qualitative» constitue un enjeu spécifique : elle permet d’inscrire l’élévation du niveau de formation dans un projet politique global de réduction des inégalités sociales dans la mesure où elle suppose non seulement une translation des inégalités mais aussi la réduction des écarts entre les groupes sociaux. Elle établit un lien entre la réduction des écarts sociaux s’agissant d’accès à des niveaux de formation et d’accès à des positions sociales. Elle permet aussi de fonder l’équivalence établie par les pouvoirs publics entre «exclusion scolaire» et «exclusion sociale », équivalence qui peut aller jusqu’à, selon certains auteurs, imputer au système scolaire la responsabilité du chômage (Garcia, Poupeau).
C’est un article de Michel Euriat et Claude Thélot qui a véritablement redéfini la façon dont a été posé le problème de la «démocratisation» scolaire dans les années 1990 en France. Leur constat est que, contrairement au reste du système éducatif, les grandes écoles prestigieuses se sont peu ouvertes aux classes populaires. On peut même parler de fermeture de l’accès à l’élite scolaire pour les jeunes d’origine populaire, comme le montre l’exemple des quatre grandes écoles analysées : l’École polytechnique, l’ENS, l’ENA et HEC.
Les résultats de Claude Thélot et Michel Euriat sont repris par Pierre Merle en 1996 dans un article sur les transformations socio-démographiques des filières de l’enseignement supérieur de 1985 à 1995 Il montre que si la ségrégation à l’oeuvre dans le système d’enseignement s’est transférée vers les niveaux supérieurs, il faut compléter ce modèle par une lecture en termes de «développement différencié de l’institution scolaire». Il confronte ainsi plusieurs modèles interprétatifs : le «modèle du retard», le recrutement socialement sélectif des grandes écoles s’explique par un simple décalage temporel avec la réduction des inégalités à l’université, le «modèle du développement différencié», l’ouverture de l’université aux publics populaires n’implique pas la « démocratisation » de l’élite scolaire dont le recrutement social demeure fermé.
Ce dernier modèle donne sens à l’étude des taux de féminisation, de la répartition géographique et de la croissance des effectifs scolarisés. Il s’applique aussi à l’accès aux IUT et aux classes préparatoires aux grandes écoles, dont le recrutement, plus bourgeois, reste stable, sauf pour les écoles d’ingénieurs
En revanche, le modèle du retard peut permettre d’interpréter le développement de la « démocratisation » à l’intérieur de l’université, à deux nuances près : en premier lieu, la «démocratisation » constatée est surestimée car le taux d’élimination en cours d’études est socialement différencié et défavorable pour les jeunes de milieux défavorisés. En second lieu, la baisse de la part pondérée du taux de cadres ne s’accompagne pas d’une amélioration du destin scolaire du groupe le moins représenté à l’université, c’est-à-dire les enfants d’ouvriers.
Si Goux et Maurin (1995) ont eux parlé de démocratisation uniforme (l’accès pour tous mais avec maintien des inégalités), Merle (2002 et 2009) constate que le recrutement social différencié accru selon les filières laisse entrevoir un nouveau sens de la démocratisation dès lors dénommée « démocratisation ségrégative » : le premier terme rend compte effectivement d’un accès élargi à l’Enseignement supérieur alors que le second terme souligne la divergence croissante du recrutement social. On peut ici parler de diffusion inégalitaire. L’accès s’est élargi mais de manière différencié.
III. Pourquoi cette tendance
Une reproduction des tendances à l’oeuvre dans le secondaire.
Le recrutement dans l’enseignement supérieur est directement influencé par la répartition des élèves au niveau du secondaire et par la structure, en fonction de l’origine sociale et en fonction du genre, des filières de bacs. Or force est de constater ici une répartition inégalitaire selon les filières (générale versus professionnelle) et selon les séries (S, L, ES, industrielles ou tertiaires…) : les enfants de cadre sont sur représentés dans les sections S qui offrent le plus de débouchés dans le supérieur ; les enfants d’ouvriers sont particulièrement nombreux dans les séries professionnelles ; les bacheliers en avance se retrouvent majoritairement dans les filières générales alors que « les retardataires » dans les filières professionnelles.
Si l’enseignement supérieur fait preuve d’une « démocratisation ségrégative », l’alimentation par des flux du secondaire rend son évolution plus complexe encore.
Retour sur l’inégalité sexuée
Présentes dans le supérieur, les filles suivent de fait des parcours sexués. Plus qu’un parcours choisi, ce dernier semble bien, pour une part importante des filles, relever du parcours contraint. Ce sont tout à la fois des variables macroéconomiques, des stéréotypes en matière de conception, de représentation, de perception des métiers dits féminins /dits masculins, des stratégies scolaires, une perception de l’avenir… qui déterminent le choix scolaire. Un certain nombre d’auteurs en effet relèvent que les filles semblent intégrer dans leur choix de formation initiale, les contraintes liées aux métiers, contraintes qu’elles retrouveront sur le marché du travail. Leur choix est ainsi « résonné et raisonnable, intégrant parfois même les contraintes de conciliation vie de famille/temps de travail qu’il leur faudra assumer.
L’important croissante des filles serait pour une large part ainsi liée au développement d’une offre de formation adaptée (filières et métiers futurs) et par une auto censure…
Développements de nouveaux éléments de différentiation..
La translation des inégalités se fait autant à l’intérieur même du système scolaire entre les différentes trajectoires scolaires suivies, que « du bas vers le haut » : la tendance des catégories les mieux dotées scolairement à fuir les filières qui se sont le plus ouvertes aux catégories populaires fait apparaître un semblant d’égalisation là où il y a en réalité, une baisse du rendement scolaire de ces filières et une fuite des catégories les mieux dotées – baisse pouvant d’autant moins se réduire à une « fuite vers le haut » que ces catégories atteignaient déjà des niveaux de scolarisation élevés. Un allongement général des études peut ainsi s’accompagner d’une plus grande différenciation interne, comme l’ont montré Convert et Pinet.
Outre cette fuite des catégories favorisées, de nouveaux mécanismes se mettent en oeuvre pour contrecarrer les effets liés à la massification que sont entre autres la diminution de la valeur des diplômes. Pour retrouver ou maintenir le rendement futur du diplôme selon l’approche de la théorie du capital humain (Becker), ou encore pour consolider les effets de «signal» ou de «filtre» (Spence et Arrow) liés à la certification ou à l’institution qui la délivrée, de nouveaux éléments de discrimination se font jour.
Des pratiques de recrutements qui reposent de plus en plus sur le savoir être, sur la possession de normes sociales typées, possédées par « nature » par les classes sociales aisées, se mettent en place, donnant une place importante aux réseaux, au relationnel.
Au sein d’une même filière, la différenciation prend la forme parfois de la voie par laquelle le diplôme a été obtenu : formation scolaire/apprentissage/alternance ; formation initiale/formation continue/ VAE…
Le développement de la professionnalisation de l’enseignement supérieur, source de richesse incontestable et garant d’une meilleure insertion professionnelle, peut introduire de nouveaux éléments de différenciation voire de discrimination : présence des entreprises dans les formations, dans les sélections…d’où transfert des critères de recrutement en présence sur le marché du travail au sien du système éducatif. Les formations liées à des marchés professionnels (selon la dénomination de Marsden) perdurent ou se développent.
IV –Des politiques volontaristes pour contrecarrer les tendances à l’oeuvre ?
Un maillage universitaire du territoire plus serré.
Les formations de proximité sont moins coûteuses pour les familles (coût du logement, des transports étant les principales dépenses des étudiants). Une offre de formation de proximité est une offre de poursuite d’études. Serait-ce là l’explication du lien à faire entre la forte représentation des catégories sociales défavorisées et la meilleure implantation des sections STS et IUT ?
Incontestablement, là où se sont développées les Universités en antenne délocalisée, la diffusion au sein des milieux populaires de l’accès à l’enseignement supérieur est constatée. Mais la question du coût collectif de cette décentralisation se pose remettant en question le mouvement des années quatre vingt dix…
Dispositifs pou une plus grande ouverture des grandes écoles :
Système de partenariats privilégiés mis en place entre lycées et grandes écoles
Echanges pédagogiques entre enseignants de lycées et de grandes écoles
Développement des cycles préparatoires intégrés aux grandes écoles
Système des quotas ?
Système des concours réservés, ou procédure de sélection hors concours
Système d’aide par bourses spécifiques et d’encadrement particulier (internat).
VI – Remarque : de l’importance et de la vigilance en matière de production d’indicateurs statistiques.
Les indicateurs statistiques de «démocratisation scolaire» requièrent une vigilance épistémologique d’autant plus grande que la sophistication des outils statistiques rend leur compréhension moins accessible. L’analyse de l’évolution des inégalités et du lien entre accès aux diplômes et origine sociale ne peut donc faire l’économie d’une réflexion sur la construction sociologique des indicateurs utilisés.
Les statistiques attestant d’une baisse ou d’une hausse du niveau scolaire utilisent des indicateurs comme les taux de réussite aux examens, les taux de redoublement, la durée de scolarisation ou encore les taux d’accès à des niveaux de scolarisation en fonction des catégories socioprofessionnelles ou/et des classes d’âge.
Les modèles et méthodes employés par les sociologues induisent eux-mêmes des biais dans la construction et l’interprétation des indicateurs de la «démocratisation». Le choix des modèles, la définition des nomenclatures utilisées (CSP – PSC….), la variabilité et la transformation des filières de formation (empêchant une analyse « toute chose égale par ailleurs ») ou même encore le traitement des données (comparaison entre deux catégories seulement – cadres et ouvriers) engagent des «choix de fond » dans la construction d’indicateurs. Les études sur la «démocratisation scolaire » sont ainsi l’occasion de réflexions méthodologiques sur les modes de comparaison des variables (méthodes économétriques, utilisation des odds ratios, nomenclatures….)
En guise de conclusion.
Si la diffusion de l’enseignement supérieur est incontestable, l’usage du terme démocratisation ne saurait caractériser cette tendance au regard des constats réalisés : logique de niveaux, logique de filières qui maintiennent voire accroissent les inégalités selon les origines sociales, ethniques ou selon le genre.
L’élargissement considérable de l’accès à l’enseignement supérieur est l’objet d’une opposition classique qui se développe : d’un côté cette évolution est analysée en termes d’inflation scolaire source de désillusion pour les nouveaux diplômés (Marie Duru Bella). De l’autre (Eric Maurin,), l’expansion doit se poursuivre. Elle serait indispensable aux nouveaux diplômés et source de richesse au niveau collectif du point de vue économique. Entre les deux, les travaux de Chauvel, soulignent le blocage de l’ascenseur social et le déclassement des nouveaux diplômés.
De quelle modernisation avons-nous besoin ? Par P.Laderrière
Attention ! Je quitte ma mission de web master de ce site au 31 décembre 2019. Je remercie celles et ceux qui m’ont accompagnés pour faire vivre cette vitrine témoin de l’actualité de l’orientation et de ses évolutions au cours de ces vingt dernières années. Merci bien sûr à vous, amis internautes. Cette mise à jour du 16/12/ 2019 est la dernière effectuée sous ma responsabilité.
Jean-Marie Quiesse
Petit historique des Dîners-débat de 2001 à 2015
- 2015 Orientation et parcours de réussite scolaire – Olivier Brunel
- Décembre 2011 Faut-il croire les économistes pour bien s’orienter? – Christian Biales, Jean Moutouh
- Février 2010 Comment bien gérer son identité numérique ? – Stéphanie Metz
- janvier 2010 Le life coaching pour mieux équilibrer vie personnelle et vie profesionnelle – Yves Vidal
- Mars 2009 En quoi le sentiment d’efficacité personnelle permet-il de mieux réussir dans la vie ? – Serge Blanchard
- juin 2008 L’orientation, est-ce un métier ? – Dominique Odry
- mars 2008 Philosopher dès l’école primaire, est-bien nécessaire ? – Sylvain Connac
- Novembre 2007 – Le genre en orientation : est-ce un problème ?– Bénédicte Gendron
- Mars 2007 Faut-il professionnaliser les Universités, et si oui comment? – Francis Danvers
- Novembre 2006 Comment décentraliser le système éducatif français ?- Pierre Laderrière
- Mai 2006 Savoir devenir : une démarche orientante au cœur d’un nouveau contexte de société – Jean-Pierre Boutinet
- Mars 2006 Egalité, inégalités, l’orientation est-elle en cause ? -Jean Pierre Laurens
- Octobre 2005 La Découverte professionnelle au collège : une grande première – Olivier Brunel
- Novembre 2004 Orientation et carrières : après 2006, aurons nous encore le choix ? – Stéphane Michun
- Juin 2004 L’évaluation des professeurs par les étudiants : sujet tabou ou acte pédagogique ? – Roland Louis
- Décembre 2003 Le LMD est une réforme profonde. Va-t’elle modifier l’échelle du mérite et améliorer l’orientation ? – Pierre Merle
- Juin 2003 Choc démographique et nouvelles compétences. – Véronique Melquion
- Juin 2003 L’école « fait » l’orientation. Quel rôle pour les parents ? – Marc Fourez
- Avril 2003 Choc démographique et nouvelles compétences – Jean-Marie Quiesse
- Mai 2002 Les enseignements disciplinaires servent-ils au développement de compétences utiles ? – Roland Louis
- Décembre 2001 Quand l’entreprise est au service de l’Homme : quelles conséquences pour l’éducation et l’orientation ?- Eric Tercinier
- Octobre 2001 L’emploi pour tous, une utopie ? – Arnault Ducrest
- Mars 2001 Valider les acquis de l’expérience professionnelle. Quels enjeux ? Quels projets ? Quelle légitimité?-Jean Marie Quiesse
- Décembre 2000 Changements économiques, changements de société. Quelles nouvelles logiques de préparation et d’accompagnement de la carrière ?
Pour quoi réformer ? De quelle modernisation avons-nous besoin ?
conférence de juin 2009
En 2007, 80 mesures étaient prévues pour réformer la France. Le système éducatif et les universités, y entraient donc. Mais une réforme pour quoi faire ? Allait-on, partir de considérations de qualité, ou de la seule réduction des coûts ? L’ambigüité a été peu à peu levée par une nette tendance en faveur de la seconde hypothèse que d’aucuns qualifient de « politique de la hache ». Deux années ont passé. Il est difficile aujourd’hui de se repérer tant les effets constatés paraissent flous, voire négatifs. Ainsi la réforme des lycées (où rien n’a bougé depuis 1992) est “ajournée”, et les politiques d’orientation (gelées depuis 1971) ne sont toujours pas au rendez-vous. Dans l’enseignement supérieur, on parle beaucoup de la Recherche mais ce discours occulte le problème des universités et de leur crédibilité auprès des familles et des jeunes. Pourquoi la France, si fière de son système d’éducation et de formation, mais aussi très attachée à son exemplarité, a-t-elle dédaigné les avertissements que lui envoyaient les analyses internationales et comparatives ? Elles pointaient déjà le recul de son image en la matière. Pourquoi les politiques d’innovation prônées pour l’ensemble des secteurs d’éducation et de formation sont-elles si peu marquées dans le scolaire par rapport au supérieur au risque d’accentuer le décalage entre les deux et nier les rapports systémiques qui les lient ? De quelle modernisation avons-nous besoin pour “rester à flot” et nous insérer le mieux possible dans l’Europe en mutation ?
Pierre LADERRIERE, ancien chef de programmes à l’OCDE, spécialiste des systèmes européens et étrangers, consultant en politiques d’enseignement. Continuer la lecture
Accompagner l’orientation et la carrière : ressources
- QUIESSE JM – Accompagner l’orientation : de l’identité prescrite à l’identité construite
- L’accompagnement vers l’emploi sévèrement critiqué
- Eurotests : vos outils pour accompagner en orientation
- 42 films primés au concours “le métier qui me plait”
- Bien mobiliser pour des réunions efficaces, les 12 clefs de Paul Raymond
- Site orientation de l’académie de Montpellier
- Un point complet sur la formation par alternance en France
- Un guide bien utile pour le professeur principal de classe terminale
- Université de Laval (Québec) – un site d’aide aux étudiants
- Une webographie complète sur l’orientation tout au long de la vie
- Orientaction, un site canadien ouvert pour les professionnels de l’orientation
- Aide à l’orientation pour les étudiants américains du MIT
- L’erreur pour apprendre -Sylvain Connac s’exprime dans les Cahiers pédagogiques
- Jean Moutouh publie un premier ouvrage sur l’orientation en classe de seconde
Une approche orientante est une démarche concertée entre une équipe-école et ses partenaires, dans le cadre de laquelle on fixe des objectifs et met en place des services (individuels et collectifs), des outils et des activités pédagogiques visant à accompagner l’élève dans le développement de son identité et dans son cheminement vocationnel. Il s’agit donc d’activités et de services intégrés au plan de réussite et au projet éducatif d’un établissement et non d’un simple cumul d’actions isolées engageant peu l’équipe-école. Les adhérents trouveront ici des liens vers des ressources éducatives pour l’orientation (PDMF, Orientation active, Découverte professionnelle…) Continuer la lecture
Accompagner : ressources pour l’accompagnement
Dans le champ des apprentissages et de leur relation à l’emploi, le terme d’accompagnement est d’une utilisation récente. Forme de compagnonnage entre pairs, il s’applique dans un premier temps à la formation des adultes dans le cadre de la formation permanente, puis aux équipes pédagogiques du système éducatif, pour notamment gérer le problème des élèves avec lesquels l’école a des difficultés d’enseignement et qu’il faut pourtant amener à réussir. Car la mission d’insertion donnée à l’école depuis 1970, dans un contexte de concurrence économique de développement du chômage, exigent une performance accrue dans le domaine des certifications. Se rattachant principalement à la psychologie humaniste au socio- constructivisme au socio-cognitivisme, l’accompagnement est un concept fortement influencé par les modèles anglo-saxons comme ceux du Coaching, du Life designing. Au niveau scolaire, il est assimilé à une attitude pédagogique, mais, dans l’aide à l’emploi, il s’agit d’un nouveau paradigme de prise en charge. Les adhérents trouveront ici des éléments pour leurs analyses et leurs recherches.
Admission post bac : clefs pour une bonne stratégie
Vous trouverez ici des ressources actualisées pour vous aider à bien utiliser Admission post bac, un système qui vous avantage si vous savez bien l’utiliser. Dès l’ouverture du site, vous pourrez affiner vos recherches, contacter des établissements d’enseignement supérieur, commencer à classer vos souhaits et utiliser des logiciels ou des “jeux” de simulation. Puis, vous suivrez pas à pas l’avancée de vos demandes classées dans un ordre de préférence connu de vous seul et modifiable jusqu’en juin. Votre choix est strictement personnel et vous pouvez vous montrer ambitieux si vous avez bien examiné les conditions de réussite de votre projet. Vous avez aussi la garantie que chaque vœu sera examiné pour lui même, indépendamment des autres . Entre autres intérêts, Admission post Bac vous permet d’élargir vos perspectives et améliore aussi l’égalité de traitement entre les candidats.
Le décrochage scolaire – Apprivoiser la complexité pour mieux agir Quiesse JM – Pinard L. – Duboisset RA.
Jean-Marie QUIESSE – Ludovic PINARD – Rose-Anne DUBOISSET
Nous assistons à une ré-émergence du décrochage. Même si les chiffres officiels ne sont pas toujours bien connus en France, hormis le traditionnel 150 000 jeunes, ils montrent ailleurs, dans les pays développés, une progression certaine. La France compte peu de rapports nationaux récents sur ce thème . Toutefois, selon celui de l’OCDE 2011, la part de « jeunes en difficulté » aurait augmenté, entre 2000 et 2009 de plus de 30%. Avec la prise en compte du capital connaissance comme valeur économique et sociale durables, le sujet suscite un nouvel intérêt. Des approches préventives se développent et des actions de remédiation également. Il entre, en effet, dans la stratégie européenne de lutter contre ce phénomène.
Ce problème est devenu une priorité nationale d’action en 2009 puis une « lutte » pour le ministère de l’éducation nationale en 2011. Les conditions de la vie urbaine et les difficultés à intégrer le marché du travail exacerbent ce phénomène récurrent. Il semblerait important, en France, de tenter la réalisation d’un modèle explicatif pour mieux comprendre les facteurs en jeu et renforcer la cohérence d’actions partagées, de définir les conditions d’un diagnostic solide et partagé, enfin de mieux évaluer les actions au fil de l’eau. Cet article tente de faire le point sur les analyses existantes, offre une large bibliographie et recense les moyens actuellement mis en œuvre. Il s’appuie sur les travaux existants mais aussi des expériences concrètes vécues par les éducateurs et les enseignants. Continuer la lecture
Congrès 2012. Où va maintenant l’orientation française ?
Programme du congrès : Où va maintenant l’orientation française ?
Conférence : L’orientation des élèves à l’aune de l’approche communicationnelle – Le choix des séries des élèves de classe de seconde – Jean Moutouh
Table ronde : D’autres regards sur l’orientation – animation Jean-Marie Quiesse
Déjeuner-débat : Où va maintenant l’orientation française ? – animation Francis Danvers
D’autres regards sur l’orientation
Congrès 2012 apprendre et s’orienter
Table ronde : animation Jean-Marie Quiesse
Avec la participation de Christian BIALES, Professeur de chaire supérieure en économie et gestion, Florian MANTIONE, directeur du réseau international de conseil en ressources humaines, Lucie SCIABBARRASI, éditrice en recherche d’emploi, Véronique SIHARATH-POUJOLS des APEL (association des parents d’élèves de l’enseignement libre), Pascal MORIN, mère d’élève.
Si l’orientation est un acte existentiel personnel, elle est aussi l’ensemble des moyens mis à la disposition de chaque citoyenne, chaque citoyen, pour préparer et accompagner ses choix professionnels. Parmi ces moyens, la possibilité de se former donne du souffle aux projets, et s’orienter s’appuie sur une dynamique d’apprentissage formel ou informel, car toute situation est l’occasion d’apprendre et de se distinguer. Mais divers éléments comme le développement structurel du chômage des jeunes indiquent que de nouvelles transformations sont à l’œuvre dans la relation de la formation et de l’emploi mais aussi dans la conception même des apprentissages et des parcours de carrière, tandis qu’il convient de développer chez les jeunes générations des compétences nouvelles dans des organisations où les représentations et les croyances ne sont peut-être plus très en phase avec les réalités d’aujourd’hui. Continuer la lecture
Soutenir les élèves et les établissements défavorisés – rapport OCDE –
Les coûts économiques et sociaux de l’échec scolaire et du décrochage sont élevés. En revanche, l’achèvement réussi de l’enseignement secondaire permet aux individus d’améliorer leurs perspectives d’emploi et de mener une vie saine, et se traduit également par plus d’investissements publics grâce à une hausse de l’impôt. L’amélioration des qualifications des individus contribue à l’émergence de sociétés plus démocratiques et d’économies plus durables, tout en réduisant leur dépendance à l’égard des structures d’aide publique et leur exposition aux récessions. Les sociétés dont la population est qualifiée sont mieux préparées à affronter la crise actuelle et les futures crises potentielles. Investir dans l’enseignement pré-primaire, primaire et secondaire pour tous, et en particulier pour les enfants issus de milieux défavorisés, est une mesure équitable et en même temps économiquement rentable…
Les coûts économiques et sociaux de l’échec scolaire et du décrochage sont élevés. En revanche, l’achèvement réussi de l’enseignement secondaire permet aux individus d’améliorer leurs perspectives d’emploi et de mener une vie saine, et se traduit également par plus d’investissements publics grâce à une hausse de l’impôt. L’amélioration des qualifications des individus contribue à l’émergence de sociétés plus démocratiques et d’économies plus durables, tout en réduisant leur dépendance à l’égard des structures d’aide publique et leur exposition aux récessions. Les sociétés dont la population est qualifiée sont mieux préparées à affronter la crise actuelle et les futures crises potentielles. Investir dans l’enseignement pré-primaire, primaire et secondaire pour tous, et en particulier pour les enfants issus de milieux défavorisés, est une mesure équitable et en même temps économiquement rentable.
Pour en savoir plus : Soutenir les élèves et les établissements défavorisés (rapport OCDE)