L’impact d’Internet sur nos cerveaux
Le dernier ouvrage de Nicholas Carr, “The shallows : what the Internet is doing to our brain” est un essais sur le virtuel mais il fait déjà couler beaucoup d’encre. La presse et les internautes s’activent autour de ce sujet et il suffit d’aller sur le Monde du 04 octobre ou sur le blog de Louis Naugès pour s’en faire une idée. Internet n’est pas sans répercussions sur la pédagogie. Dans ce nouveau contexte technologique, la tête bien faite n’est plus seulement un vaste palais de la mémoire, elle est plus que jamais, à travers une gestion informationnelle, un instrument d’analyse des environnements et, au fil de l’eau, de prise de décisions. Il est maintenant disponible en français sous le titre “Internet rend-il bête ?”
Rapport JR Pitte
Dans son rapport rendu public le 4 novembre 2011, le délégué interministériel à l’orientation (DIO) Jean-Robert Pitte propose de nouvelles perspectives d’actions concernant les conseillers d’orientation psychologues (COP), les centres d’information et d’orientation (CIO) , la formation des enseignants, l’information dématérialisée et la labellisation d’organismes d’orientation qui veulent participer au Service public. Continuer la lecture
Comment assurer la qualité de l’information pour l’orientation
Le processus d’information est très différent d’un enregistrement passif et fidèle du contenu du texte écrit. Le contenu du document ne devient de l’information qu’une fois traité par un lecteur interprétant. L’auteur d’un écrit n’est pas maître du sens que lui donnera chaque lecteur. Le sens d’un écrit est co construit entre auteur et lecteur. Dans le processus d’information, le lecteur-interprétant conduit une stratégie cognitive complexe qui met en jeu tous ses outils cognitifs au service d’une nouvelle configuration de ses idées, optimisée pour répondre à ses besoins d’information ici et maintenant. Le contexte d’utilité, la prise de conscience des besoins, la problématisation (prétraitement), les compétences linguistiques du lecteur, déterminent très fortement l’optimisation de la saisie, et l’interprétation en contexte des données traitées. La qualité pédagogique du document (ergonomie de conception et ergonomie de surface, lisibilité linguistique et typographique) lui confère un meilleur pouvoir modificateur des représentations mentales initiales (efficacité informative) dès lors qu’elle prend en compte les caractéristiques du fonctionnement cognitif du public-cible dans la lecture. Le processus d’information est dynamique, il s’étale largement dans le temps. L’information-résultat (reconfiguration optimisée et stabilisée des représentations mentales) n’est complètement opérationnelle pour fonder des choix qu’à l’issue du post traitement. Il est donc souhaitable de prévoir une période de 2 à 3 semaines de décantation entre les apports d’information et leur exploitation sous forme de décision. L’accompagnement pédagogique doit permettre aux élèves d’optimiser l’exploitation d’une documentation de bonne qualité. Dans la situation actuelle, le point faible de la pédagogie du travail autonome est méthodologique. Les nombreuses observations d’élèves en situation d’auto information constatent invariablement un déficit de compétences transversales liées à l’exploitation d’un texte écrit. Ces compétences jalonnent tout le processus de traitement de l’information.
L’orientation des élèves à l’aune de l’approche communicationnelle
Le choix des séries des élèves de classe de seconde
Dans cet ouvrage, Jean Moutouh propose de comprendre par l’approche communicationnelle le choix d’orientation des élèves de seconde d’un établissement. Cette recherche est à visée exploratoire, elle part du postulat que le sens donné par l’élève de seconde à son choix d’orientation se construit en situation, ici et maintenant. L’auteur défend une position épistémologique de « convention constructiviste » .Il souhaite répondre à la problématique suivante : quelles sont les interactions entre l’élève de seconde et le contexte dans lequel il évolue lors de son choix d’orientation ? Le choix de la technique d’analyse systémique qualitative des relations humaines permet la mise en exergue des formes des échanges entre tous les acteurs (humains et idéels) en présence dans la situation observée. Cette analyse fait apparaître la dynamique du système et la règle du jeu qui s’instaure. Les formes des échanges prennent alors une signification lorsqu’elles sont replacées dans le système. Les conclusions issues de cette analyse offrent des angles d’interventions à différents niveaux.
Editions universitaires europeennes ( 13.10.2011 )
Jean Moutouh est professeur agrégé d’économie-gestion et Docteur en Sciences de l’information et de la communication
Orientation et numérique : une évolution nécessaire
Le numérique est la technique qui soutient le développement du Web interactif. Au simple échange de documents se substitue aujourd’hui la constitution de larges réseaux de communication caractérisés par l’immédiateté des réactions et la volonté souvent exprimée de participer aux débats sociaux autour de la notion d’intérêt général. La démocratie s’arrêtait là où s’arrêtait le discours des orateurs, aux murs de la cité d’Athènes. Plus tard aux lois des assemblées et aux discours de l’école, aux murs de la nation. La démocratie tout comme les échanges économiques s’étendent maintenant bien au delà. Se former ou travailler en Europe ne semblent plus poser problème S’orienter aujourd’hui se passe dans ce contexte élargi où l’accès et la bonne gestion informationnelle et à l’anticipation qu’elle permettent jouent un rôle essentiels. Les murs de la classe sont ceux de l’Internet et les horizons de la Y génération se prolongent dans la perspective des écrans mobiles. Comment mieux se préparer à cette révolution culturelle ? Continuer la lecture
Comment bien gérer son identité numérique ?
Dîner-débat le Jeudi 24 février à 18h30 précises, à Montpellier.
Nous écrivons, nous montrons, nous disons en ligne : faut-il avoir peur de nos “ombres” ?
La question n’est plus de savoir comment être visible mais pourquoi l’être. Les “ombres” sont les traces que nous semons sur Internet. La gestion personnelle des réseaux numériques et des informations qui y circulent fait preuve d’un amateurisme trop souvent prôné comme une valeur sociale. Big Brother est-il un “vieux truc”? E-portflio, webclasseur, webfolio, réseaux sociaux : les espaces numériques interactifs se développent. Vouloir gérer l’information et mettre de l’ordre dans notre propre communication est-il une problématique de “vieux c…” J-M Manach ? Comme le dit avec humour un blog très récent, “dans les entreprises, ce sont de vieux c… qui recrutent…”. Le vrai problème n’est sans doute pas ce qu’Internet fait à notre cerveau, mais bien plutôt les conséquences de ses applications en termes de construction d’une identité personnelle, base de toute liberté avec ses aspects de sphère intime, personnelle et sociale. Les traces numériques, que nous laissons peuvent-elle être une menace ? Sont-elles gérables ? Pour se construire une image professionnelle, la maîtrise de l’identité personnelle est un atout. L’inverse est un obstacle. Que dire, que montrer, quoi écrire ?
Notre invitée : Stéphanie METZ, Maître de conférences en Ergonomie Cognitive – Département Informatique – IUT Montpellier – Université Montpellier 2. Laboratoire PRAXILING – UMR 5267 CNRS & Université Montpellier 3
Jean-Marie QUIESSE animera la soirée
mailto : jmquiesse@wanadoo.fr
De l’orientation directive à l’accompagnement
Even LOARER, professeur titulaire de la chaire de Psychologie de l’orientation est, au CNAM, directeur de l’Institut National du Travail et d’Orientation (Inetop). Dans sa Leçon inaugurale donnée en février 2010 en présence de Bertrand Schwartz et du Recteur Christian Forestier, administrateur général du Cnam, il a analysé l’évolution des problématiques d’orientation scolaires et professionnelles. Celles-ci, selon lui, constituent aujourd’hui, plus que jamais, un enjeu sociétal, économique et humain majeur. D’un processus essentiellement ponctuel et concernant les jeunes, l’orientation est devenue un processus continu à l’échelle de toute la vie qui appelle de nouvelles pratiques et de nouveaux dispositifs. Il a distingué trois grandes périodes de développement (orientation directive, délégatrice, participative) et mis l’accent sur une quatrième, contemporaine et encore mal définie, celle de l’accompagnement. Celle-ci doit, pour lui, dépasser le simple bilan de compétence et conduire à l’activation d’une démarche de mobilité intégrant les perspectives d’orientation et la définition des étapes à parcourir pour acquérir des compétences complémentaires. Dans ce cadre, la mise en place d’un nouveau Service public d’orientation ne pourra faire l’économie d’une sérieuse formation de ses intervenants.
Assistez à la leçon de Even LOARER
Jean-Marie Quiesse, décembre 2010
L’ORIENTATION en France : UN CHANTIER À L’ARRÊT
Dans le cadre de la loi des finances 2011, le Sénat a déposé un avis sur l’enseignement. Les propos autour de l’orientation méritent que l’on s’y arrête tant ils pointent que la dynamique qui avait conduit au vote de la loi de novembre 2009 est stoppée. Au fil du récit on relève que la rénovation de la voie professionnelle n’a pas pour l’instant infléchi significativement les phénomènes de reproduction des inégalités sociales. L’orientation à l’issue du collège connaît toujours de grandes disparités selon le milieu d’origine de l’enfant. La logique de tri social reste malheureusement prépondérante. En ce qui concerne le dispositif de préparation, on note que les conditions d’une authentique découverte des métiers et des formations pour tous les jeunes, sans préorientation et sans préjugé, ne sont pas réunies. Même si l’idée qui préside à la construction du PDMF est séduisante et ne mérite pas d’être purement et simplement abandonnée, son contenu laisse à désirer, notamment les stages d’observation en classe de 3e. L’hétérogénéité des différentes étapes, leur traitement très disparate selon les établissements, le manque d’évaluation réduisent l’impact du dispositif sur les décisions d’orientation
On regrette aussi le délai qui a couru entre la promulgation de la loi et la nomination du DIO, autant de temps perdu alors que l’orientation demeure un point noir du système éducatif. On s’inquiète également de la faiblesse des moyens humains et financiers qui lui sont alloués, cinq millions d’euros devant même être prélevés sur le fonds paritaire de sécurisation des parcours professionnels (FPSPP) pour financer le service dématérialisé.
On déplore enfin, qu’en règle générale, l’orientation soit conçue d’abord comme un moyen d’accélérer l’insertion professionnelle des élèves les plus fragiles à la sortie du collège, alors même qu’elle doit être un instrument de construction d’un parcours individuel qui permette l’épanouissement personnel de l’élève. Si l’orientation doit tenir compte des réalités économiques et de la situation du marché de l’emploi, elle doit également être utilisée pour ouvrir l’horizon des jeunes au-delà du cercle familial, pour lutter contre le pessimisme social dans les milieux populaires et contre la reproduction des inégalités. Les attaques que subissent les conseillers d’orientation-psychologues témoignent d’une conception étroite et strictement utilitariste de l’orientation.
Lire et écrire, supports indispensables à la projection et l’anticipation
Bernard Rey : développer la pensée scripturale
L’Association académique des conseillers d’orientation-psychologues de France tenait son assemblée générale académique annuelle à la Grande Motte le 06 mars. Elle avait invité Bernard REY, professeur à l’Université libre de Bruxelle et éminent chercheur en sciences de l’éducation, connu pour ses travaux sur les compétences mais aussi le relationnel à l’école. Face à des professionnels de l’orientation, il s’est interrogé sur le fait que, dans une école aux moyens unifiés, beaucoup d’enfants ne réussissent pas. Le savoir lire et écrire, au delà de son aspect utilitaire, véhicule toute une forme de pensée intériorisée, spécifique à l’école, que Bernard REY nomme la “pensée scripturale”. Elle permet la conceptualisation, l’anticipation rationnelle et la projection mais aussi les organisations personnelles et sociales. Du bon usage de l’agenda à la rédaction d’une liste de courses, il s’agit d’une tentative de maîtrise de sa propre existence. La pratique scripturale est un préalable à la science, au débat d’idées et à l’exercice de l’autorité. Or, pour Bernard Rey, il apparaît que l’école française ne parvient pas à faire acquérir cette forme de pensée et cette pratique à tous les élèves. Une partie d’entre eux n’accède donc pas à la pensée réflexive, au déroulement du schéma narratif porteur de cohérence et à la construction contextuelle qui permet de mieux appréhender le réel des environnements. Il a ensuite tracé des pistes pédagogiques qui, dans une société de l’oral et de l’image, pourraient faire entrer davantage d’enfants dans l’univers scriptural.
Jean-marie Quiesse
Rey, 2004, Discipline en classe et autorité de l’enseignant, Bruxelles, De Boeck
Robert DENQUIN préfacier d’Orientation-Lycée
Robert Denquin a accompagné les premiers développements de l’association “apprendre et s’orienter”, signant notamment la préface de “Orientation Lycée, méthode d’orientation active”. Il nous a quitté cette année 2010, le 04 octobre. Né à Laon, instituteur puis conseiller d’orientation-psychologue à Lille, il gravit les échelons administratifs jusqu’au grade de Chef du service académique d’information et d’orientation. Il termine sa carrière comme directeur adjoint de l’Onisep et à l’inspection générale de l’éducation nationale comme chargé de mission auprès du groupe des Établissements et de la Vie scolaire. Coauteur de deux rapports officiels dont un sur l’orientation, il a joué un rôle important dans le développement des services d’orientation et le rayonnement de l’Onisep. Nous garderons de lui le souvenir d’une personne proche, active et ouverte sur les idées innovantes.
Jean-Marie Quiesse