INTRODUCTION
L’orientation sous sa forme moderne, qu’on peut définir comme les actions permettant d’aider les individus à faire leurs choix éducatifs ou professionnels et à gérer leur évolution professionnelle, est née il y a près d’un siècle. Frank Parsons ouvre en 1908 le premier bureau d’orientation à Boston et y écrit l’ouvrage fondateur de l’orientation professionnelle, Choisir sa vocation, qui paraît en 1909. Son action est fondée sur le principe qu’un conseil avisé et une information sur l’ensemble des possibilités offertes à chacun en fonction de ses aptitudes et de l’état de l’économie sont plus efficaces pour l’individu et la société que la seule soumission au déterminisme social et familial ou au hasard des recrutements.
Ce n’est toutefois que près d’une centaine d’années plus tard que l’on peut constater, au niveau international, européen et national, l’émergence d’une véritable politique publique de l’orientation. Longtemps considérée comme l’appendice d’autres politiques – enseignement, formation professionnelle, emploi – l’orientation n’a en effet jusqu’à une date récente pas véritablement été identifiée comme un champ spécifique de l’action publique. C’est par le biais de la définition d’un objectif de formation tout au long de la vie, dans le cadre d’une économie fondée sur la connaissance, et sous l’impulsion en particulier de l’Union européenne, que l’orientation a été identifiée à partir de 2004 comme un champ inexploité de politiques publiques à construire ou renforcer (OCDE, Orientation professionnelle et politique publique, comment combler l’écart et OCDE et Commission européenne, L’orientation professionnelle, guide pratique pour les décideurs).
La loi relative à l’orientation et à la formation professionnelle qui vient d’être adoptée, identifie pour la première fois un service public autonome. Elle s’inscrit ainsi pleinement dans la logique à l’œuvre dans les autres pays de l’Union européenne. Cette logique vise à renforcer l’autonomie des politiques d’orientation, sans pour autant les couper des actions publiques proches que constituent l’éducation et la formation ou la politique de l’emploi. Cette loi a été précédée par de très nombreux rapports publics, qui depuis une dizaine d’années ont, petit à petit, permis de faire progresser un diagnostic partagé sur les forces et faiblesses de l’orientation en France et de formuler des propositions pour en améliorer le fonctionnement. C’est sur l’apport considérable de ces travaux que s’appuie une grande partie des développements du présent rapport.
La mission a toutefois tenu à confronter ces constats et propositions avec la vision que les différents intervenants – ministères, réseaux participant à l’orientation, milieux économiques, partenaires sociaux, entreprises – ont des enjeux et institutions en matière d’orientation. Conformément à la lettre de mission du Premier ministre en date du 11 juin 2009, le présent rapport s’appuie donc sur ces différents constats (I), pour formuler, dans le cadre spécifique que constituent la loi relative à l’orientation et à la formation professionnelle et les réformes prévues pour améliorer l’insertion des jeunes (II), des propositions tendant à la mise en œuvre de cette loi et au développement de l’orientation professionnelle tout au long de la vie (III).