jean-Marie Quiesse
Effectivement ce projet de loi, en ce qui concerne l’orientation, manque particulièrement d’ambition et surtout de relation avec les recommandations européennes. La loi de 2009 ne paraît même plus exister. Mais, pragmatiquement,le texte me paraît véhiculer des idées quelque peu datées, celles de l’époque où il existait une planification économico-politique directive, une orientation pour toute la vie et une école seule arbitre du devenir de chacune et de chacun. La distinction formation initiale/formation continue parait revenir en force à l’époque de l’orientation et de la formation tout au long de la vie : aborder dans ce texte la transformation des Gip en Greta, opération somme toute plus fonctionnelle que législative m’apparait révèler un certain trouble de vision vis à vis du rôle de l’école de la république dans sa relation avec la sphère de production économique et donc, de sa vision éducative vis à vis de l’orientation des jeunes qui lui sont confiés.
Qu’en est-il de la politique de l’EN dans le cadre du portail national d’information préconisé dans le cadre de “orientation pour tous”? Rien non plus sur les CIO et les COP (spécialistes de l’orientation ??). Ce service existera-t’il encore ? L’accompagnement est-il noyé dans la transmission disciplinaire ou seulement réservé aux jeunes décrocheurs ? Rien sur la fonction de professeur principal dont les missions remontent à 1993 (!). Rien sur les procédures d’orientation qui, elles, ont plus de 40 ans ! Comme en 1958, orientation et formation sont toujours liées alors que 80% des jeunes exercent dans un domaine d’activité étranger à celui qu’ils ont préparé à l’école. Quant au baccalauréat, verrou puissant à une véritable préparation du plus grand nombre à l’enseignement supérieur, il n’en est nullement question. Pas question non plus de remettre en cause la sacro-sainte trinité enseignement général- enseignement professionnel- enseignement technique qui perturbe la lisibilité générale du système en France comme en Europe, mais surtout enferme les perspectives sociales, personnelles et économiques dans une organisation de classe.
Le texte reprend le même vocabulaire administratif qu’à l’époque des années 70 : ” L’orientation et les formations proposées aux élèves tiennent compte de leurs aspirations, de leurs aptitudes et des perspectives professionnelles liées aux besoins prévisibles de la société, de l’économie et de l’aménagement du territoire..” Revoici donc le terme ‘d’aptitudes”. S’il y a des aptitudes intrinsèques, alors à quoi sert la pédagogie ? A les renforcer comme c’est le cas actuellement avec les résultats que l’on connait? Le terme “d’aspirations” est lui même connoté : la motivation est-elle aussi intrinsèque (et donc liée à l’origine sociale) ou se construit-elle à travers une politique volontariste d’orientation utile tout au long de la vie et basée sur l’élaboration de projets et de choix personnels ? Enfin, qui aujourd’hui, dans un système hors planification peut produire de l’information sur des perspectives à moyen ou long terme ?
Je constate enfin que la liaison entre disciplines et activités professionnelles (fondamentale pour mobiliser les jeunes) est rayée d’un trait de plume par la modification de l’article 31 -7.
Parmi les points positifs le parcours de découverte semble généralisé Mais, sans moyens et organisations spécifiques, il restera pour tous une belle intention laissée à l’initiative des chefs d’établissement convaincues et de quelques professeurs militants.
Jean-Marie Quiesse Réactions au 10-12-2012
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